dimanche 25 mars 2018

25 mars


Ce bébé endormi fera tourner les cœurs au bout de ses cils graciles. C’est plus probablement un garçon, les perdra-t-il – ses cils ? Sur la paupière, une petite éraflure souligne la jeunesse de sa chair à croquer, si tendre. Binh-Dû se souvient d’avoir regardé la peau de ses propres bras, de ses mains, lorsque lui-même était enfant, les croûtes de sang séché sur les genoux, et d’avoir su qu’il se régénérait constamment en même temps qu’il grandissait, et d’avoir été persuadé de sa très singulière immortalité.
Chaque jour ou presque Binh-Dû se réveille, passe sous la douche, jette un œil au cerisier du voisin, mange, se rend dans un magasin acheter de quoi manger, croise des passants dans les rues, travaille, parle avec des amis, se couche, etc. Chaque jour il pense, ressent, perçoit des choses et d’autres. Ce faisant il tourne autour d’une verticalité de siphon, le tabou figerait Binh-Dû, son propre reflet dans le regard de la Gorgone : est-ce intéressant ? Il s’agit de trancher une fois pour toutes et au ras du cou.