mercredi 11 avril 2018

11 avril

Binh-Dû a l’ambition de récupérer son ventre d’origine. Celui-ci s’était éclipsé en douce, sans doute passant par le nombril, remplacé par un bourrelet. Reviens ! lui intime Binh-Dû, parlant sur le souffle au long d’une séance d’abdominaux. Il faut que tu aspires ton ventre à l’intérieur, lui a conseillé une amie qui a accouché il n’y a pas si longtemps de cela. Drôle d’image, autant que celle d’une tablette de chocolats. Binh-Dû trébuche dans son décompte, il inspire à contretemps. Penser aussi à garder le dos droit, cela fait beaucoup, cela suffit pour aujourd’hui.
Au soir, le ventre est revenu sous le bourrelet. Une présence nichée au creux du pneu, qui tire sur les muscles, Binh-Dû grimace un peu en riant – il bouge ! Il est vivant ! Ce sentiment d’être mû de l’intérieur, Binh-Dû l’avait perdu, maintenant il va pouvoir respirer pour deux à nouveau, soutenir son pas, courir qui sait ? En une souple translation de barycentre. Son cerveau reptilien à nouveau dédoublé, est-ce que cela se voit déjà ? Il déboutonne sa chemise, bof. Un gargouillis familier, timidement, se manifeste.