mercredi 18 avril 2018

18 avril

Les bulles de liquide vaisselle planent paisiblement autour de Binh-Dû, quand l’une se rapproche il tente de l’attraper avec son éponge. Manière peu économique de faire la vaisselle si l’on considère que l’économie de savon réalisée ne compense pas l’écoulement inutile de l’eau durant le temps du geste. Est-ce de l’air-vaisselle ?

Parmi la grenaille se trouve une pomme de terre en forme de cœur, ce n’est pas un hasard puisque Binh-Dû l’a choisie dans le cageot. Qu’elle se soit développée ainsi est peut-être de l’ordre du hasard, bien qu’il soit délicat de convoquer cette notion dès lors qu’il s’agit de l’existence des choses et des êtres. Elle aussi sera fendue en deux avant de rejoindre la poêle.

Il y a de quoi pleurer. Les yeux picotent. La bulle ne donne pas signe de son prochain éclatement, le cœur semble bien assuré sur ses deux ventricules. Et pourtant... La nuit, Binh-Dû est tout près de se réveiller, ses paupières soudées interdisent les larmes, tout son visage lunaire se plisse dans l’imminence de la fin du monde.