dimanche 22 avril 2018

22 avril


Il est des visages et des corps qui inspirent à Binh-Dû un sentiment de déjà-connu. Non que les personnalités qui les habitent soient prévisibles, ni même que des souvenirs associés parasitent une relation nouvelle, cela puise plus loin, dans le creuset des compréhensions relatives où l'on conforte ses idées reçues.
Il est d’autres êtres qui ne ressemblent à personne à qui les comparer. Ils sont à part, peut-être plus composites que le commun de nous-mêmes. Binh-Dû les scrute avec une attention particulière, où réside la beauté ? se demande-t-il, paraphrasant un Allemand célèbre dont il a oublié le nom. Où réside le désir ? Il finit par trouver.
Parfois il y a évidence, le visage rayonne, le corps est une exultation pour le regard. C'est presque trop facile. Binh-Dû est troublé par l'attirance qu'il éprouve à l'égard de ceux que leurs gênes déjà favorisent. Ce qui n’est pas facile, c’est constater qu’on n’est pas pour l’autre une évidence réciproque. Ou même un bon a priori ?
Ce qui ne serait pas facile, ce serait d’être entouré de multiples évidences simultanées, heureusement pour Binh-Dû cela ne lui est jamais arrivé. Peut-être y est-il pour quelque chose, finalement, élaborant ses évidences a posteriori, disciplinant ses dilections, choisissant en somme. L’une parmi toutes. Le temps de l’une.
Mais quitte à établir trois catégories différentes de visages et de corps, une quatrième catégorie pourrait bien se frayer son chemin, puis une cinquième, une sixième, une septième, une huitième, une neuvième – oui, Binh-Dû tire à la ligne... Pour en définitive ne plus savoir, comme une souhaitable qualité de regard.