mercredi 23 mai 2018

23 mai

Avant que de naître, parmi les options il a choisi le parfum de sa propre peau. Un refuge, un accompagnement permanent. À moins qu’on ne l’écorche, mais de cette sorte de vie là, non merci, il ne voulait plus. Binh-Dû voulait d’une vie clémente, pour changer. Sous le soleil, l’immeuble en construction grimpe son ombre, exhalant une mortifère odeur de béton.
            La guerre, même sans arme, reste une tentation. N’importe quoi ferait l’affaire, une assiette à écraser sur un visage le temps qu’en dégoulinent sauces et jus poisseux, une insulte lancée haut et fort, un coude pour bleuir les côtes du répugnant personnage qui s’extraie de son 4X4 tandis que s’empressent ses valets. Oh, la morgue des maîtres du monde...
            Binh-Dû sait bien que sa haine le tuerait aussi bien. Il la convertit en sourire méprisant – mais c’est imiter l’ennemi. Il essaye l’amour du prochain – mais la rupture est consommée. S’il se voyait de l’extérieur, il s’interposerait, il serait l’amour tiers, englobant, détaché. Les portiers reprennent la pose sous la marquise, à leur uniforme ne manque aucun bouton.