mardi 12 juin 2018

12 juin

Ailleurs c’est demain, et aujourd’hui pourrait être un moment d’insolence. L’insolence est une réponse, rumine Binh-Dû qui n’a pas articulé un son depuis trois jours. D’ailleurs, pourquoi ne pas mugir ? Être la vache qui cherche à attraper sa queue. Écraser une mouche en tombant sur le cul. Dans la boue déduire une direction marquée par l’empreinte de sabots. Partir à l’aventure sans savoir si les traces sont celles d’une autre vache ou bien les siennes, car on ne se souvient pas de tout, il se pourrait que Binh-Dû reprenne constamment la même quête.
             L’insolence, donc, sur le dos d’une vache. L’insolence est le doigt pointé du soleil. C’est plonger dans la saturation des couleurs, ne plus craindre de se faire tanner le cuir, que toujours brille l’œil humide d’une intensité aux infinis chromatismes, et toujours suive le rire, tant on n’est pas sur Terre pour se lamenter de devoir la quitter. Un amour offert ne se refuse pas, se souvient Binh-Dû, sous le petit pont coule la rivière où fut confiée une promesse. Dans l’eau glacée enfoncer le pied qui émergera guéri, par la réitération des miracles.