vendredi 22 juin 2018

22 juin

Un, c’est le paradis. Une succession de vallées d’altitude entourées de pentes plus ou moins sévères au-delà desquelles le ciel... Le paradis est sous le ciel. Deux, un papillon noir dont les ailes repliées, moirées de bleu, sont en forme de delta. Il n’a rien de spectaculaire. Posé sur le dos de la main découverte, il en suce le sel. Trois, une prairie semée de boutons d’or, de violettes, de gentianes et de myosotis, et d’autres fleurs encore dont le nom importe peu. La niverolle volette au-dessus de l’embarras du choix. L’air est doux. Comme ces montagnes sont bienveillantes... Quand un dantesque coup de tonnerre ébranle l’atmosphère.
Le mantra adéquat, à chaque pas, reste « merci », même la pluie s’abat en grêlons afin de ne pas tremper l’homme qui marche. Merci pour les intempéries qui reconnaissent au lieu sa force païenne. Merci pour les égarements qui aboutissent ici, et pour la permanence des bouquetins, des marmottes et des craves à bec rouge qui passent l’hiver sans la gêne d’une présence humaine. Merci tout autant pour les pieds de l’homme, ses jambes, son cœur, le ressourcement. L’expérience recouvrée de la volonté, dissimulée des mois durant sous les inquiétudes et les velléités. Merci quand, par l’effort consenti – les bienfaits dispensés.