mardi 10 juillet 2018

10 juillet


Encore une semaine à tirer, le fil sur l’écheveau donne un mauvais coton. Toujours mieux que du polyester, certes, et il n’est guère élégant de pisser sur le mérinos. Mais tout de même, on voit les bouloches. Tu auras beau jouer du violon à mon oreille – à la tienne plutôt, qui penche vers la table comme ivre de son propre son –, je vois bien que je tangue et pire je vasouille. D’ailleurs qui suis-je ici, quelle est cette première personne du singulier qui s’immisce alors qu’on ne lui a rien demandé ? Et qui es-tu ? Où est Binh-Dû ?
C’est lui qui fait défaut, le joueur de flûte. Celui qui suit la musique qui le traverse, celui qui devance la loi des récompenses et des calamités. Même quand il s’absente il se tient tout près, il ne cesse en réalité d’être au cœur de l’action, transparent, aléatoire, satisfait. Il a définitivement obtenu ce qu’il voulait. Cela ne suffit pas à nous arranger, le problème étant que la biodiversité de nos sentiments se réduit. Presque plus d’arbres, des îles en plâtre s’effritant dans le néant, des animaux sans queue ni tête. Qu’on nous retienne avant qu’on mute !