mercredi 11 juillet 2018

11 juillet

Binh-Dû est dans la ville, il respire une fois sur trois, entre deux émanations toxiques. Il n’y parvient pas très bien, il doit s’empoisonner à petit feu. Martyre de ceux qui ont les moyens de s’acheter de l’oxygène. Ces gens-là s’efforcent de croire qu’il y aura de l’avenir pour leurs enfants, une espérance de vie qui permettra de mourir avant eux. Ceux qui n’ont pas les moyens ne se verront jamais attribuée une place dans les navettes, ils sont résignés à ne jamais surplomber les nuages. Ils se disent que les enfants, déjà, c’est bien quand c’est petit.
Binh-Dû est un enfant des circonstances, comme n’importe lequel d’entre nous. Il est sa propre adaptation aux circonstances. Son métabolisme fractal est en revanche assez particulier, qui lui permet de ressentir sans barrière cellulaire le vent dans les branchages. Malheureusement il y a de moins en moins d’arbres. D’autres événements s’y substituent, qui n’auraient pas pris tant d’importance sinon. Il se serait perché par choix en haut du magnolia au lieu de le rêver refuge. Mais en tout état de cause, la vie se survivant, de joie parcellaire il s'emplit et se contente.