samedi 14 juillet 2018

14 juillet


La tristesse s’abat à la fin du jour. D’avoir programmé une enfilade de lendemains jusqu’à l’apex du mois d’août, d’un coup s’y retrouver et c’est déjà le déclin de l’été. D’anticiper une séparation annoncée au cœur de la prochaine fête ; cela se passera ainsi, une dernière embrassade, un sac hissé sur le dos, un pâle sourire de part et d’autre, l’une montera en voiture et l’autre replongera dans la foule. Aujourd’hui même, après une journée ensoleillée, d’étreindre une femme qu’on ne reverra pas avant septembre et dont on esquive le risque d’un baiser.
Binh-Dû pourtant s’est réjoui d'entendre un couple de tourterelles si bien assorties, posées côte à côté sur un fil électrique. Il s’est empli de bonheur esthétique à la vue de danseurs tels de souples animaux plus libres qu’ils ne furent sauvages. Il a respiré le ciel et ses parfaits nuages. Assis sur un bloc de pierre taillé dans un gisement de fossiles, il s’est immergé dans une conversation essentielle. Il a étiré ses orteils autant que possible pour accroître l’aise de ses nouvelles chaussures. Rien n’y fit. Ses pieds chéris lui semblent trop petits.