mardi 17 juillet 2018

17 juillet


Dieu est un concept imprécis, précaire et obstiné. Il fait loi parmi d’autres lois humaines. Mais si nous aimons rêver grand, nous préférons voir petit. Nous, les sédentaires. Qu’importe le nombre de pièces, au final demeure un enserrement de murs, un plafond, un plancher. Même un jardin n’y change rien, même une terrasse ouverte sur le ciel, c’est toujours la sécurité qui nous tient. Binh-Dû étire ses membres en travers du lit. Si sa tête était d’une forme plus allongée il pourrait se prendre pour une étoile. Il rêverait à en désarticuler la cause de tous ses pincements (oh, cette nuque si raide !), il délaierait les acidités dans l’écume lactée de l’amour sans souci. Il se réveillerait au moment qui lui plairait, ainsi qu’on change de position – par préférence. Tout changerait d’un coup s’il rencontrait une jambe distincte des siennes : Dieu passe le relais dès lors que nous sommes deux. Parés pour le voyage, redressés, debout, un pas à tour de rôle dans le monde extérieur. Si je penche trop tu me retiens, si c’est toi qui penche je me redresse. L’équilibre vient en marchant, jusqu’à l’audace d’inventer sa trace. Binh-Dû est si solitaire qu’il en oublie souvent qu’on l’aime.