lundi 2 juillet 2018

2 juillet

À l’heure vespérale, aucun loup ne hante les quartiers résidentiels. Nul chien, non plus que leurs hommes, où sont-ils tous passés ? Dans le ciel les martinets saluent la descente du soleil, comme ils saluèrent son apparition, son apogée, tous les moments de la journée. Hors d’atteinte, dans leur dimension parallèle. Voici un jeune couple se tenant par la main, souriant un « Bonsoir » au passage. Un air d’anomalie. (Ce fut jadis un temps de promenade entre mère et fils, un avant-goût du sommeil.) La télévision est sans doute allumée derrière les vitrages renforcés, au bout des allées arborées. Il y a sans doute des habitants, malgré leur discrétion.
C’est un soir d’encombrants, jonchés sur les trottoirs, aubaine pour les chiffonniers qui tardent encore à s’extraire des bouchons du périf. Ça sent la cave et le bois pourri. Le chat qui manquait est à demi tapi sous une voiture, il observe le mouvement saccadé de la paire de lacets qui lui passe sous le nez. Et le chien remonté du loup se prélasse sur le balcon d’un troisième étage, une patte nonchalamment glissée entre les barreaux. « Tu l’as dit, ne dis pas que tu ne l’as pas dit ! » crie une femme à sa fenêtre, tandis que tombe de ses doigts la cendre d’une cigarette. La paix est aussi précaire qu’est immuable l’obscurcissement du jour.