mardi 3 juillet 2018

3 juillet


Faudra-t-il se résoudre aux fantasmes ? Le corps alangui dans la douceur de l’été ne suffirait-il plus ? Ce regard singulier, ce désir, cet esprit et cette âme. Mais le regard déjà ouvre l’imagination, quel que soit le lieu, un lit approprié, une clairière tapissée de mousse tendre sous les frondaisons, un repli de dune. L’autre n’est jamais seulement lui-même (et reste à découvrir qui moi-même je suis). L’autre est un découvert autorisé, sous conditions, un interdit modulable. Un animal sauvage qui consent à se laisser approcher, mais qui pourrait changer d’avis. À moins que l’animal sauvage, ce ne soit moi. Ou que tous deux nous soyons sauvages et animaux, ou que nous soyons humains, nous serions frère et sœur. Nous serions deux amants engagés ailleurs. Une main posée sur la peau inconnue redéfinirait le corps tout entier, donnerait naissance instantanée. La chair serait indéfectiblement inconnue, comme une promesse d’éternité. Puis tout se joindrait en un éclair de connaissance. Ce ne serait pas jouissance encore, mais prémices de plaisir suprême. Il y aurait même un zeste de revanche que cela ne gâterait rien ; l’exercice du pouvoir est une résolution.