mercredi 15 août 2018

15 août


Un, autant se faire le devenir de la carotte. Et la carotte sera notre devenir, une fois retournés en terre. Sérieusement, pouvons-nous envisager la carotte, de tous les sens qui lui manquent, avec respect, et remercier pour notre imminent appariement ? Tout est déjà écrit : nous serons la perpétuation de la carotte de même que la carotte nous survivra.
Deux, quand les arbres se déracinent, les pierres connaissent elles aussi des velléités de départ. Mais comme des enfants (ou des parents) elles s’agrippent, et l’on n’est guère plus avancé. Asphyxiées par une coulée de boue, les truites ne sont plus là pour espérer un prochain orage qui leur épargnerait l’hameçon. Ces destins nous dépassent.
Avec tout ça, Binh-Dû en oublierait de célébrer le paysage. Plutôt il marche sur le bas-côté de la route, s’il ne lève pas le pouce peut-être obtiendra-t-il un « passage ». Mais non, il foule aux pieds des mégots, jetés côté passager, et de la menthe à profusion (pousserait-elle ici par compensation ?). Se pourrait-il qu’il n’y ait qu’un fumeur ?
(Trois, c’est une énigme. La résolution impliquerait un homme ou une femme, revenant le soir de son travail ou s’y rendant le matin, conduit(e) par son époux ou son épouse si c’est le matin, son amant(e) insoupçonné(e) si c’est le soir – un(e) collègue qui habite un peu plus loin, rendant service. Et cette personne éventuellement adultère fumerait.)