jeudi 23 août 2018

23 août

Bien entendu, il y a pire. Des gens qui ont fui la guerre  et dont l’accueil en pays soi-disant ami se règle à coups de matraque et jets de gaz toxique. Et il y a pire encore, il y a toujours pire. Binh-Dû est bien chanceux d’avoir trouvé refuge dans un corps aussi peu violenté. Et de ne pâtir que d’un registre limité de phobies relationnelles.
Certes il se méfie de son empathie – jusqu’où risquerait-elle de le mener ? Il garde en lisière la mémoire de l’exclusion, de la honte, du désespoir, du froid et de la crasse, de la soif et de la maladie. Il ne sait pas s’il pourrait supporter à nouveau les douleurs passées. Il sait que la menace est réelle de tout perdre hors sa vulnérabilité.
Sans doute la foi demeurera. (Mais « sans doute » est un tel déni du doute...) Dans une bibliothèque publique un homme en perdition se raccroche à son petit pouvoir de nuisance, tentant de sauvegarder son honneur. L’enfant était moqué, le traumatisme perdure. Il faudrait mourir à cela. Ou poursuivre l’infinie collecte d’échappatoires.