mercredi 7 novembre 2018

7 novembre

Le tigre qui feulait dans l’enclos déploie soudain son corps et de ses griffes déchire la poitrine de Binh-Dû. Cela ne fait pas aussi mal qu’on pourrait le croire, c’est même libératoire en un sens, mais cela n’en reste pas moins effrayant. L’irruption du drame, issu du ludique. Depuis qu’il a perçu la sauvagerie folle dans l’œil d’un chat, Binh-Dû se méfie.
S’il avait attendu de côtoyer des chats pour se méfier... Dans sa jeunesse, il montait en courant au sixième étage pour échapper à des poursuivants imaginaires. Il collectionnait les clefs. Il s’entraînait à ne pas respirer. Il souriait plus que de raison. Ses animaux en peluche étaient marqués d’un disque de feutre rouge fluorescent apposé sur le front.
Vous n’êtes pas si énervé, lui affirme sa "référente" en lui serrant la main. La remarque est aimable, conclusion d’un entretien qui s’est déroulé selon des standards acceptables. Certes, il pourrait davantage manifester ses désaccords. Enfant déjà, il ne savait pas trépigner, hurler ni casser des objets. Il filait droit. Il allait se coucher, rattraper du sommeil en retard.