mercredi 12 décembre 2018

12 décembre


Reste toujours cette échappée au long de la falaise, qui mène à un retour, par les terres, le jour finissant. Et c’est toujours la veille de quitter le pays, avec le déchirement qu’il soit trop tard. On n’a pas besoin d’être mufle pour faire bande à part, il n’y a aucune gloire à tirer les cheveux des filles. Et jusqu’à quel âge sera-t-il admis de pleurnicher larmes de crocodiles – Mais c’est mon anniversaire ? Enfant gâté, d’autres vont s’écorcher les genoux aux troncs des arbres plutôt que de trépigner dans les boutiques feutrées. Binh-Dû a du succès avec son bonnet bleu turquoise, les vendeuses croient peut-être que ses cheveux sont douchés du jour. Il serait encore plus séduisant avec son bonnet gris, voire avec un bas de laine enfilé sur la tête. Au cinéma, il se prend à espérer que les malfrats ne trouveront pas leur complice (si jolie...) chez la logeuse où elle est censée les attendre. Ainsi ils partiraient sans elle, Binh-Dû est disposé à ne plus la revoir si cela peut éviter qu’elle soit trucidée d’une balle perdue lors du cambriolage. Il lui écrirait, elle lui renverrait une photographie dédicacée. Ce qui ne réglerait rien, dans l’entrée, à côté des bottes, la boue a dessiné des motifs aux carrelages, comme les cartes d’un monde perdu.