jeudi 20 décembre 2018

20 décembre


À force de taper sur la maison en rénovation, ils vont finir par l’effondrer. Le jardin déjà n’est plus que tas de gravats qu’on aperçoit par la fenêtre imparfaitement bâchée de la façade ou par la trouée dans le mur du fond, et que reste-t-il du toit ? Binh-Dû se préoccupe de l’avenir immédiat, il profite autant que possible d’un lit qui n’est pas le sien, où il a intérêt à se montrer aimable. Une fournée de pâtisseries a été déposée sur la table basse, à portée de main, combien de parts de tartelettes aux framboises pourra-t-il escamoter ?
En toute discrétion, ensuite il s’en ira, rassurant. Il veillera à ne pas rééditer l’erreur commise la fois d’avant, quand il s’était envolé par-dessus les voies du métro pour rejoindre plus vite le quai opposé. C’était manquer d’humilité, on l’avait repéré, il avait dû rester sur ses gardes durant tout le voyage de crainte qu’on ne le trucide pour s’approprier son don. Quant à savoir où se rendre... Rien ne presse, puisque le temps n’existe plus. Binh-Dû emporte ses douleurs avec lui, irrésolues. Tant qu’il avance, ça ira. Tant qu’il n’accélère pas.