dimanche 23 décembre 2018

23 décembre


À côté de la caisse enregistreuse, dans un petit panier d’osier tapissé d’un mouchoir à carreaux, une vingtaine de sachets semblent à la disposition des clients. Pas de prix affiché, Binh-Dû était entré pour acheter un croissant, mais curieux il se rapproche, lit ce qui est inscrit sur l’emballage. Dans un angle du plafond, la caméra de surveillance ne bronche pas. Il hésite, repose le sachet, regarde autour de lui : personne. Il tend la main à nouveau, enfin se décide, c’est non. Bien que la chose soit ingénieuse, « Billes synthétiques à écraser en cas d’agression terroriste, comprimer le sachet sous le nez. Effet neutralisant immédiat. Ne nuit pas à l’environnement. » De retour dans la rue, Binh-Dû est soulagé d’avoir fait le bon choix, c’est la vieille histoire du marteau dont la seule présence remplit l’univers de clous. Il ne veut pas vivre un marteau à la main. Les ruelles sont pavées de touristes, il y a un raccourci par là, suffit d’enjamber le ru. Puis de se dépêtrer des ronces. Il retire ses lunettes de soleil, ce ne sont pas des ronces mais des barbelés, heureusement il maîtrise la technique. Cela prend un peu de temps, toutefois il n’a pas besoin d’un sécateur ni d’une pince coupante. Il n’a pas besoin d’une voiture dotée d’un klaxon. Il n’a pas besoin d’un smartphone. Il n’a pas besoin d’une amoureuse ni d’un guide pour admirer les pierres de taille et les façades inclinées qui réduisent le ciel à une perspective sublime et renversante.