dimanche 9 décembre 2018

9 décembre

À la table d’à côté, les fêtards ont la bière hurlante. Il va se calmer, promet l’un d’entre eux au serveur qui vient interposer sa carcasse imposante entre leur table et celle où Binh-Dû et son amie boivent leur tisane. Depuis les toilettes on entend un oiseau chantant inlassablement, sans doute dans une cage à l’intérieur d’une pièce close aux murs d’un rouge sombre, meublée de fauteuils usés et de banquettes où feignent de s’alanguir des prostituées chinoises, l’autre bout du couloir mène à un restaurant auvergnat où cent casseroles concoctent l’aligot au chou farci.
Tu aimes tout de Brassens ? demande la fumeuse au non-fumeur frigorifié qui l’a accompagnée à l’extérieur, dont le cerveau se contorsionne pour trouver la réponse adéquate, alors en fait, non, il n’aime pas tout. C’est plus stylé – de manifester son  esprit critique. Le problème, c’est qu’elle attend des précisions, des titres, des raisons. Il fait froid, non ? La neige ne va pas tarder à tomber, dès que les derniers métros auront cessé de circuler. Parfois on est trop gentil, parfois on est sans pitié. Binh-Dû a failli prendre menthe-verveine, il se sent fier d’avoir osé la camomille.