mercredi 2 janvier 2019

2 janvier


Heureusement cette fois qu’il n’avait pas compté, il aurait pris peur. Heureusement que le tournant des vœux occasionne un prétexte. Heureusement Binh-Dû n’était pas auprès de son téléphone pour décrocher. Il n’aurait pas su comment respirer. Il réécoute le message plusieurs fois, il se réacclimate à la tonalité de cette voix, sa texture si particulière. Sa matérialité presque palpable, caressable. Il sent diffuser dans ses poumons, dans son psoas, dans ses orteils. Cent-sept jours, il ne restait plus qu’une perle de prière au mâlâ. Les deux dernières il les aurait enfoncées dans ses oreilles – gardant ses yeux pour pleurer ? Non, rien de si dramatique. Elle lui souhaite de belles choses, plein, pour l’année nouvelle. Elle l’embrasse, et si ce n’est qu’une formule convenue, au moins celle-ci augure-t-elle d’un rapprochement. Binh-Dû tourne lentement la tête, elle aussi à sa rencontre et leurs lèvres se joignent comme une première fois, dans la même inéluctable simplicité. Deux guêpes vrombissent aux angles du plafond, attendant qu’on leur ouvre la fenêtre. Une fois dehors, elles demeurent à proximité, inspectant les anfractuosités de la façade. La menace même se transforme en beauté.