mardi 22 janvier 2019

22 janvier


Le contexte, Binh-Dû s’en fiche un peu. Certes, il y a une localisation possible, une architecture, des protagonistes, de simples témoins. Il y a une heure de la journée, un avant, un après. Il y a des tenants émotionnels et des aboutissants, à multiplier par un facteur x, et des intrications qui infléchissent les représentations géométriques. Mais à quoi bon ? Ce qui de tout cela ressort, ce qui importe, c’est la tendresse et la violence.
Des concepts, l'un et l'autre. Appliqués à plusieurs niveaux de réalité. Le boulevard Arago mène aux catacombes en passant par la prison de la Santé, la pente accélère le cœur des cyclistes. Les murs suintent l’abandon de tout espoir – autre concept fort maniable. Le dimanche passent aussi des poussettes. Les regrets brillent comme de l’argent empilé à la banque, un souvenir de bande dessinée où Picsou nageait sur une mer de pièces et de billets.
La porte de Binh-Dû donne vers l’extérieur sur une travée à ciel ouvert munie d’une rambarde. On aurait vite fait de basculer dans la cour, un étage plus bas. Il suffirait d’y être poussé, à coups de poings redoublés. À bout de manque, d’exaspération, de dégoût, tel un collier d’excuses auquel se pendre. Un jour cela ira mieux, en attendant, l’envie de tendresse est insatiable, reliée à une aspiration de violence infinie. Respire, souffle l’amie.