jeudi 31 janvier 2019

31 janvier


                Il ne s’agit pas de jouer au plus fort et pourtant il y a erreur. Peut-être est-ce de se croire plus malin (évidemment, c’est du pareil au même, suffit de délocaliser les muscles). Quoiqu’il en soit, il y a oubli des vertus de la main tendue. Il y a scepticisme, erreur sur les personnes, irradiations glacées dans la moelle, bâillements déchirants. Il y a la peur que génère la honte. Binh-Dû trace sa signature avec nervosité, comme si la rapidité était une preuve. Il lutte si souvent contre sa lenteur... Il se réfugie sur le plat-bord dans l’espoir insensé de peser moins.
                Au moins, quand il se retrouve dans l’eau, a-t-il évalué vers quelle rive la distance est la plus courte. Le fleuve se hâte comme ne saurait le faire un océan, mais ce n’est jamais qu’un fleuve. Une parfaite métaphore de la diagonale temporelle, à bout de forces Binh-Dû se hisse, ruisselant, sous le regard peu concerné des pique-niqueurs. D’entre tous les fuyards celui qui portait le moins d’espoirs, est-il le seul survivant ? Ou bien Corpus et Alma sont-ils quelque part à l’épier, arrivés avant lui, attendant sur une nappe à carreaux que le soir tombe ?