vendredi 15 février 2019

15 février


                Il y a des jours comme ça où les choses ne tiennent pas en place. Et les gens ? Bof, ils piétinent. Ils se cognent aux choses. En fait on ne sait plus très bien ce qui bouge et ce qui ne bouge pas, mais l’un dans l’autre la synchronisation fait défaut. (Le Soleil pourrait bien tourner autour de la Terre, pour ce qu’on en a à foutre !) Il y a trop de meubles dans la pièce où vit Binh-Dû, si l’on se réfère à un coefficient d’encombrement – qui resterait encore à inventer. Un petit vaisseau a éclaté à l’intérieur de sa paume, ça fait mal même sous la glace.
                Là-bas, du côté des falaises, la mer est calme quand le soleil se lève, calme aussi quand il se couche. (N’allez pas nous raconter qu’il arrive au soleil de rester coucher !) Entre les deux ça frisotte. Des adolescents plongent en criant et remontent. Sous l’eau ils font des bulles, ils pourraient y rester plus longtemps. Ils pourraient s’y briser la colonne, mais en fait, non. Ils grandissent, ils quittent le pays, ils sont remplacés. Ils reviennent boiteux. Binh-Dû se gifle les deux joues à la fois, juste ce qu’il faut. Pas de quoi faire couler le sang hors de ses veines.