dimanche 17 février 2019

17 février


           Quel est le point commun entre un lion et une salade ? Le lion n’est pas une chèvre et la salade n’est pas un chou. (Oh, ces définitions négatives...) Le lion est une extrapolation du lapin. La salade est censée attendre dans le potager. De point commun il n’y a peut-être pas, mais une tension entre les deux, Binh-Dû en jurerait. Il jurerait qu’il a vu les feuilles de la salade frémir. La clôture est cisaillée en un endroit, de haut en bas, par où tous les légumes pourraient s’enfuir. Le lion a le réveil vaseux, son rugissement masque une profonde lassitude.
           Et les éléphants, sont-ils mangeables ? Qu’est-ce qui n’est pas mangeable, selon quels critères ? Le cochon dressé sur ses pattes arrière se fend d’un grand sourire à l’entrée du restaurant. Binh-Dû est fatigué, sans doute par excès de toxines dans le sang. Les origines de ses habitudes se perdent dans un sentiment d’incrédulité – qui est une expérience en soi. Intensifierait-il délibérément son hébétude, jusqu’à ne plus savoir comment se tenir à table ou s’en lever, poser un pied devant l’autre ou un baiser sur une joue ? Pitié ! crie la salade.