lundi 11 mars 2019

11 mars


                Tu prends le soleil sur le perron de ta maison de pierre. La vue porte loin, une vallée, des montagnes. Dans les arbres chantent les oiseaux. Tu inspires à pleins poumons les parfums renaissants du printemps. Y a-t-il quelqu’un près de toi, qui viendra te rejoindre, poser un baiser sur ta nuque ? Cela se pourrait. Il y a une rivière en bordure de prairie, tu l’entends murmurer quand la brise souffle dans ta direction. Tu ne voudrais être nulle part ailleurs. Même là où tu serais non moins heureux. Tu fermes les paupières pour y enclore une lumière orangée.
                Puis ce sera la nuit. Ou une journée de crachin brumeux, tu seras réfugié à l’intérieur. Dans ta maison de pierre les chaises sont dépareillées, tu n’en utilises qu’une pour prendre tes repas. Tu es seul, cela va de soi, et c’est aussi bien comme ça : qui voudrait perdre ici son temps ? Tu es seul et tu es toi-même, sans témoin, tel que personne ne te connaît. Sans besoin de faire semblant. Tu as un peu froid mais tu peux superposer des épaisseurs. Tu es arrivé. Binh-Dû serait parfaitement heureux, tu te sens déprimé comme un hérisson blessé coincé dans un fossé.