samedi 2 mars 2019

2 mars


                          Une personne réelle est entrée au domicile de Binh-Dû, examiner ses papiers. On pourrait en faire toute une histoire (et pour commencer, n’en pas dormir la veille). On pourrait décrire l’homme, supérieur en taille, en poids et en barbe, ses lunettes, on pourrait qualifier ses lunettes d’inquisitrices afin de souligner le déplaisir occasionné par sa visite. À ce point, il conviendrait de décrire Binh-Dû lui-même, sa situation, son contexte. (Quelle transgression ! Il faudrait dès lors inventer un autre Binh-Dû.) Puis ajouter les nuances non paranoïaques du réel.
                          Est-ce cela que tu veux raconter ? Oui toi, la chambre d’échos. Ou, une fois encore, préférerais-tu t’allonger sur le sable d’une île paradisiaque ? Binh-Dû s’est peut-être trompé de planète puisqu’ici tout semble porter à la conquête. Ou au dévoilement des mystères, ce qui n’est guère mieux. Ils veulent posséder plutôt que jouir, ils n'ont qu'une toute petite idée de la jouissance. Qui ça ? Binh-Dû se serait contenté d’une existence d’arbre ou d’animal préhensible ou d’acteur pornographique. Il se serait contenté de respirer. Mais nous n’y sommes pas prêts.