vendredi 21 juin 2019

21 décembre


         D’un solstice l’autre, verra-t-on la différence ?
         Une amie organisée lui a offert un agenda, lui qui se débrouillait jusqu’alors avec des dos d’enveloppes.
         Il s’aperçoit que sa vue a nettement baissé. Il est toujours ébahi par l’affection qu’on lui témoigne, ces gestes qui font se retourner pour vérifier qu’il n’y a personne derrière soi de plus vraisemblable pour en être le destinataire. Eh bien non… Merci donc !
         Derrière lui, il n'y a qu'un vieux monsieur un peu chinois qui attend de pouvoir déposer sur la table du restaurant une fourchette et un couteau. Leurs regards se croisent, les sangs se reconnaissent. Pourquoi ce vieil homme n’en déduit-il pas qu’une paire de baguettes serait mieux accueillie ? Parce qu’il fait froid dehors et que cela se répercute à l’intérieur.
         Voici une différence sensible. Et une seconde : la femme qui a traversé la chaussée pour ne pas le croiser sur le trottoir alors qu’il téléphonait, juste avant d’atteindre le restaurant avec son amie, l’a probablement injurié lui, et non pas quelqu’un qui se serait tenu caché dans son dos, et non pas seulement d’impersonnelles et invisibles ondes électromagnétiques.
         Susciter la répulsion peut se réduire à un jeu de polarités, si l’on est confiant. Mais si l’on est confiant, autant exercer un charme magnétique en posant le regard sur tout visage qui se présente, tel un peintre.
         La lumière du jour est passée plus vite qu’à aucun autre moment de l’année, peu importe si l’on ne voit pas le ciel.
         Le tableau préexiste, l’amour aussi peut-être.