lundi 11 août 2025

A contre-saison (30)

un autre 11 août

Ceci ne peut pas n'être qu'une ou deux feuilles exténuées de chaleur
Qui se recroquevilleraient prématurément
Déjà sèches du peu de rosée évaporée depuis l'aube.
Ce sont - peut-être -
Les exosquelettes monstrueux de créatures de l'espace
Attendant sous la frondaison que la nuit tombe pour se mêler aux chauve-souris.

jeudi 31 juillet 2025

A contre-saison (29)

31 juillet d'un été révolu


Ceci n'est pas une élévation.
Ni pendules indiquant une direction.
Le ciel ne s'y mesure pas, il s'en éloigne.
C'est une pitié, une vanité.
Une murmuration à l'orient éludant les radars.


mardi 29 juillet 2025

A contre-saison (28)

29 juillet d'une année précédente

Ceci n'est pas un banc public.
C'est une dissuasion, un clou qui dépasse, une négligence.
C'est une fausse sollicitude.
Une fête et sa défaite.
Ou une légère envie de dissidence ?

jeudi 10 juillet 2025

A contre-saison (27)

10 juillet de l'an d'avant



Ceci n'est pas un lien Internet.
Non plus qu'un blé interdit.
C'est une protection symbolique. 
Ce n'est pas une épreuve de force.
Ceci dit un hors champ.
 

jeudi 19 juin 2025

Suspens estival

Tout récit s'inscrivant dans un décalage temporel, celui d'une escapade déjà ancienne s'autorise à attendre... un certain nombre de jours voire de semaines avant de repartir.

Car le temps du présent devient un peu trop chahuté pour l'auteur de ce blog.

(Sans doute de nouveaux-prochains récits décalés y émergeront ?)

En attendant, il y aura ponctuellement floraison de rhizomiques, voire de vivaces et d'attentives - on ne sait jamais.

Et de petites photos parfois décalées comme une horloge arrêtée sur midi alors qu'il est justement midi mais un jour ou une année ou deux plus tard.

19 juin

vendredi 13 juin 2025

Horizon bousillé

jeudi 31 août
(6/n)

    Un corbeau solitaire m’a observé à prudente distance tandis que le soleil se couchait. Il ne m’a pas souhaité la bonne nuit mais c’est un progrès depuis la nuée démoniaque du premier soir, non ?
    Disons oui. Le lendemain je roule vers le point le plus au sud de mon périple. Là où je vais passer deux jours. « Je regarde mes contemporains / C’est dire si je contemple rien » est inscrit sur un mur de béton.
    Qu’ajouter à cela, je ne sais pas trop où porter le regard, quittant un horizon bousillé par les éoliennes pour m'enfoncer dans des zones artisanales et commerciales à n’en plus finir. Je m’arrête, quand même, dans un semblant de village.
    D’un café s’échappent des rires mesquins, dominateurs, imbéciles ; bas du front (national) ; non que vaille mieux le rire cauteleux et élitiste de la bourgeoisie de droite. Sur un abribus : « Suce le pape / Négros en Syrie ».
    J’aime les rires indéfinissables (au risque sinon de les trahir). Il me reste deux heures de route. Je vais retrouver une maison, un lit, des repas chauds, de l’amour filial. Je n’en parlerai pas ici. N’en écrirai rien. Deux jours plus tard je repartirai.

mardi 10 juin 2025

Esprit de contradiction

mercredi 30 août
(5/n) 

    C’est une affaire de proportions, l’effet qu’un paysage a sur nous. Si l’on se cantonne à l’aspect visuel. Dans la bibliothèque de formes il y a des coefficients de courbes, des nombres d’or, des mécaniques dissimulées. Le goût est une horlogerie dont les ressorts nous demeurent obscurs ainsi que nos souvenirs de petite enfance. Ce qui vient après se surajoute – quoique avec moins de détermination – sur une base inaltérable. 
    Deux enfants jouent devant la maison des grands-parents. Ils s’ennuient et ne s’ennuient pas, c’est la fin des vacances, ils ont moins d’une dizaine d’années, à l’âge où chaque été est une petite éternité. Ils me voient arriver sur le chemin, peut-être m’ont-ils vu prendre en photo un tournesol. Ils voient mes chaussures de randonnée, mon sac, ils me disent bonjour les premiers et ils m’indiquent par où passer.

- En tout cas, eux ils ne m’ont pas pris pour un autre.
- Laisse-moi rire : ils ont cru que tu faisais la route de Stevenson !
- « Un bout seulement », j’ai répondu.
- Quinze kilomètres dans un sens et autant au retour pour aller dormir dans ta voiture, il est beau le randonneur !
- C’est drôle, on a inversé nos rôles, au départ c’était moi qui étais négatif…
- Parce que je ne suis pas ta bonne âme : je suis ton esprit de contradiction.