jeudi 3 octobre 2024

A contre-saison #23

3 avril 2024


Les feuilles étaient toutes tombées, elles ne le sont pas encore...

mercredi 4 septembre 2024

A contre-saison #22

4 mars




Le silence est un rythme, écoute-la respirer.
Un jour elle prend appui, le suivant elle repousse.
Ce qui se dégage est trouée aveuglante.
Mais toujours la danse comme un vertige et un écho. 

jeudi 29 août 2024

On est là, tout va bien

"On cherchait un endroit où se planquer,
ou quelqu'un qui nous ferait rire"

Rouge Elea

 Rouge Elea - On est là tout va bien ! (début création)

https://vimeo.com/647293786

... en prolongation de considérations... 
(cliquer sur le bleu)

mercredi 21 août 2024

Toujours la même planète

jeudi 6 octobre
 (9/9)

[le jour suivant ce jour d'avant]

Il reste encore la promesse d'une ascension avant de m'en retourner dans la plaine. J'ai changé de massif ou bien non, ce sont toujours les Alpes mais d'autres cirques de montagne. C'est toujours la même planète. La terre est humide au départ, pour ce dernier jour le dénivelé est le plus raide. En bas, donc, il y a de l'eau, et une cascade qui dévale entre les rochers d'une forêt obscure. Le soleil en cette saison passe au large du zénith, et ses rayons n'atteignent pas le fond des vallons. L'air embaume les champignons.

Trois chasseurs en treillis militaire mangent du saucisson à une table de bois, ils sont arrivés en haut de la forêt par la piste. En 4x4. Je les salue chaleureusement pour ne pas les haïr, ils ne me proposent pas de casser la graine avec eux. D'ailleurs je suis trop loin déjà, sur le flanc nu de la montagne. Plus on s'élève, plus le monde semble une illusion d'optique. Le col que je croyais à portée se révèle simple replat, il faut grimper encore. Et encore. Enfin, voici... un lac, et la ligne de crête qui à nouveau se dérobe.

Je vois le sentier traçant en biais dans un pierrier, par là le col est à une heure de marche peut-être. Mais si je grimpais tout droit, hors sentier, n'atteindrai-je pas plus vite ce moment magique où s'ouvre à la vue la vallée opposée ? Je manque de temps, souhaitant éviter de redescendre à la nuit. J'y vais. La crête semble à portée de pieds et de mains. La pente est à 50° et mon cœur bat, je dois m'arrêter tous les vingt mètres. J'y vais, mais la crête n'en est toujours pas une. Il faut grimper, continuer. Encore une fausse crête. Il faut continuer.

Faut-il vraiment ? Le jour décline, le temps passe, je m'épuise, la vue est grandiose déjà dans mon dos. L'histoire pourrait être celle d'une dernière ascension sagement avortée, et elle prendrait non moins de sens que si j'accumulais une conquête de plus. Oui mais : je veux voir ce qu'il y a de l'autre côté ! Je le veux. Il le faut. J'y suis presque. J'y suis presque. J'y suis presque. J'y suis. Et tout est justifié. La mer de nuages en contrebas. Le panorama à se dévisser le cou. Les ombres, les couleurs, le souvenir prochain de la neige. La sérénité d'un devoir accompli.

Je regagne, en quittant les sommets à l'oblique, le sentier qui montait au col. Je redescends plus vite que le jour. Les rhododendrons ferrugineux s'illuminent aux ultimes rayons du soleil. La forêt est devenue glaciale. Il fait nuit. Une mouche s'enferme dans la voiture. Elle part avec moi. Je lui parle. Que me dit-elle ? Elle ne comprend pas que le seul endroit par lequel elle ne peut pas s'échapper, c'est l'espace évident du pare-brise. Il lui faudrait retourner dans la caverne. J'ignore ce que je ne comprends pas. Je m'échappe en me croyant libre. Je rentre chez moi. Je fus heureux.
 


mardi 20 août 2024

Contre-temps textuel


Reprendre le fil...
 
J'ai fait une pause de quelques jours.
Je me suis retranché de l'"actualité".

Il y a une mise en attente plus ancienne encore, qui s'est imposée en conséquence du 7 octobre 2023 et de toutes les journées génocidaires qui ont suivi.

Je ne me sentais pas de publier de jolies histoires de vacances en montagne.
J'espérais que l'horreur cesserait sans trop tarder.
Pouvoir retourner à une indécence comparative moins criante.
Il ne me restait plus qu'un billet de blog pour conclure la série entamée.

Mais il est trop tard pour l'espoir.
Cela fait trop longtemps qu'on attend que cesse le massacre des Palestiniens.
Quel soulagement pourront encore ressentir les survivants, dans quel état de désespérance et de deuil seront-ils ?

Durant ma pause estivale, au festival de Chalon, j'ai rencontré des danseurs, des comédiens, des circassiens. De ceux qu'on nomme "intermittents". 

Ils créent de quoi s'enthousiasmer malgré les génocides, le saccage de la planète, le fascisme - car sinon la défaite est totale.

(Par ailleurs ils votent, militent, contribuent très concrètement à améliorer notre société.)

Je crois qu'être heureux et créatif - en dépit d'un monde à pleurer - nous incombe, tant qu'on en a l'énergie. Sinon on dépérit. Je dépéris. Je ne suis plus bon à rien.
 
Aussi je finirai par publier demain le dernier billet de cette série d'en-dehors qui commence à dater. Qui date d'un temps d'avant. Justement, pour aller de l'avant.

Et ensuite on verra.

jeudi 11 juillet 2024

mardi 2 juillet 2024

Rhizomiques #193

Il y a quand même un abrutissement incroyable qui traverse tout le pays. Et qui a commencé à partir du moment où il est devenu possible d’avoir des chaînes de télévision qui ne diffusent qu’un seul point de vue.
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    Sur Internet, elle s’était mise à suivre en secret les sites Web de suprématistes blancs. Des illuminés, qui paraissaient croire sincèrement qu’un attribut aussi trivial que la couleur de leur peau a quelque chose de foncièrement précieux et d’ordonné par Dieu.
    Elinor trouvait cette découverte stupéfiante, et en tirait une certaine forme d’espoir : elle aussi pouvait se réjouir de quelque chose, tirer de la fierté de quelque chose.
    Salut ! Je suis une femme en surpoids quelconque et malheureuse dont le mari est amoureux d’une fille suffisamment jeune pour être notre fille et dont les enfants disparaissent en vitesse au coin de la rue s’ils me voient quelque part en dehors de la maison. Mais JE SUIS BLANCHE – et toc !
    Dans le cyberespace, cette (piteuse) déclaration était prise pour argent comptant. Plusieurs Aryens de sexe masculin avaient écrit à Elinor dans le but de se lier d’amitié avec elle.
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Voilà ce que c’est d’être pauvre : n’avoir aucun pouvoir. Et ceux qui ont le pouvoir apprennent aux pauvres blancs à haïr les pauvres noirs, pour qu’ils se battent entre eux et leur permettent de s’enrichir tranquillement.
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Quand on prend la grossièreté pour la force, la méchanceté pour la politique, on n’est, au fond, qu’un mufle, un crasseux, qui sera un vilain bourgeois bien vulgaire à trente ans. Nous y sommes.
 
Dennis Lehane (entretien dans Télérama du 03/04/24)
& Joyce Carol Oates (in La fille aux longues jambes)
& Dennis Lehane (entretien dans Télérama du 03/04/24)
& Paul Verlaine (extrtait d'une Lettre à Ernest Delahaye)