dimanche 19 mai 2019

Attentives #1


De nombreux convives se rappelaient en particulier le magnifique clair de lune de cette soirée.
(...)
Un détail commun à tous ces récits est la lune dorée qui éclairait toute la scène de sa lumière étrange.
(...)
Il n’y avait pas de lune ce soir-là et le ciel était gros de nuages.
(...)
Un épais croissant vert surplombait cette scène de démence tel un juge imperturbable, insensible à toute la folie des hommes.
(...)
La pleine lune ce soir-là était d’un rouge jaunâtre, comme si la lumière de quelque feu terrestre s’y reflétait.
(...)
J’apercevais un morceau de lune argentée ça et là derrière les fenêtres, tel un vieux mendiant implorant qu’on l’invite à entrer.
(...)
La lune brillait, haute, petite et bleue dans le ciel, son éclat intact quoique un peu diminué.
(...)
La nuit avançait, sombre et sans lune ; un orage approchait.
(...)
Les invités commencèrent à quitter la fête alors que les étoiles du matin cernaient déjà la pleine lune jaune.
(...)
Les nuages étaient lourds, chargés, et bas, d’une teinte rose passé. Il n’y avait pas de lune.
(...)


(George Saunders – "Lincoln au bardo")

mardi 14 mai 2019

14-18 mai


Binh-Dû s’absente quelques jours, à distance du numérique.
Il reviendra dimanche prochain.

Pour patienter, vous pouvez pré-commander
la version papier du « Dit de Binh-Dû »,
quatre premières saisons en une
+ « Narcissus Amorosa » (affinée).
Passer par l’adresse-mail indiquée ci-contre,
onglet « contact ».
En cours de fabrication, ce sera sobre, sans illustration, agréable au toucher, bleu en surface,
et cela coûtera environ 15 euros.

lundi 13 mai 2019

Vivaces #3

Chaque révolution est précédée d'un intense travail critique, de pénétration culturelle, d'infiltration à travers les groupes humains d'abord réfractaires.
(Antonio Gramsci)

Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière, il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre.
(Italo Calvino in "Le chevalier inexistant")

La reconnaissance en soi-même, pour le lecteur, de ce que dit le livre, est la preuve de la vérité de celui-ci et vice-versa.
(Paul Ricoeur)

dimanche 12 mai 2019

Hybrides #4

- Les gens disent que les Indiens ne sont même pas reconnaissants de bénéficier de l’aide sociale, mais la vérité c’est qu’ils trouvent que nous ne nous sentons pas assez coupables de recevoir de l’aide. Les jeunes comme moi, les radicaux, vous diront que c’est parce qu’on nous a tout volé et on mérite bien les miettes qu’on nous rend. Et c’est vrai. Mais là n’est pas le problème. Les vieilles personnes, ici, elles ne pensent pas au massacre de Wounded Knee, elles acceptent simplement ce qui vient. Pour nous, c’est la chose la plus naturelle du monde de demander de l’aide si on en a besoin.
- J’ai remarqué ça chez ma cousine. On marchait et elle a vu des épinards sauvages qui poussaient dans le fossé, et elle est descendue en ramasser, tout simplement. Elle se fichait pas mal que quelqu’un passe en voiture et la voie. Et moi qui pensais : je veux bien manger des épinards sauvages si je peux pas faire autrement, mais je m’en voudrais que quelqu’un découvre que je suis fauchée à ce point.

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Il écrit qu’en toi s’affrontent une aptitude à l’empathie, un sens moral élevé, une rationalité rigoureuse et une sensation de vide chronique, des angoisses d’abandon, des phases de colère aiguë, et ton obsession pour elle. Le résultat était un sentiment de honte immense. La folie (ce terme, c’est moi qui l’emploie) était le prix à payer pour le temps passé à être trop lucide. Un prix que la plupart des gens, d’instinct, savent trop élevé.

Barbara Kingslover (Les Cochons au paradis)
& Eliott Perlman (Ambiguïtés)