Parler avec toi ! Je comprends maintenant, en t'écrivant, que c'est aussi cela qui me manque. Depuis que je t'ai rencontré j'ai compris à quel point je devais réduire auparavant mon langage, et si je ne t'avais pas rencontré, cette réduction se serait communiquée, avec le temps (c'est fatal : la parole est l'exercice qui renforce les idées), à mon intelligence. Parler avec toi, me promener avec toi, voyager avec toi est comme vivre deux fois et peut-être davantage.
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Dick, je n’ai jamais vraiment tenu de journal mais c’est si facile de t’écrire. Tout ce que je veux c’est que tu me connaisses ou que tu saches un peu ce que je pense, ce que je vois. « Et la lune de mon cœur resplendit », a écrit une courtisane japonaise du nom de Dame Nijo à la fin de ses confessions. Je n’aurais jamais cru qu’écrire puisse être une communication si directe mais tu es l’interlocuteur parfait. Mon partenaire silencieux, celui qui m’écoute aussi longtemps que je continue à décrire ce qui me passe réellement par la tête. Je n’ai pas besoin d’encouragement, d’approbation ou de réaction, du moment que tu écoutes.
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J'ai compris que la conversation idéale évolue en spirales qui vont en s'élargissant à partir d'un propos dérisoire d'où s'élaborent des échanges plus significatifs. Le problème, naturellement, c'est la platitude trop fréquente de la conversation. Il est triste de voir à quel point nous nous répétons. Nous posons des questions dont nous connaissons la réponse. Nous nous sommes habitués à une communication horizontale, au degré zéro de la banalité, à la monotonie de l'insignifiance.
Mon algorithme inverse les choses. Il transforme un interlocuteur en fonction cumulative, une force qui rattache les deux éléments de conversation qui précèdent et produit un élément plus grand et plus significatif. 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, et ainsi de suite, n₁ + n₀ = n₂, n₂ + n₁ = n₃, n₃ + n₂ = n₄, etc. À la place du mouvement horizontal de la plupart des échanges insignifiants, l'empathie reprend les éléments de conversation antérieurs, les rattache aux déclarations en cours, produit un nouvel élément et poursuit selon un puissant phénomène de torsion.
Mon algorithme inverse les choses. Il transforme un interlocuteur en fonction cumulative, une force qui rattache les deux éléments de conversation qui précèdent et produit un élément plus grand et plus significatif. 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, et ainsi de suite, n₁ + n₀ = n₂, n₂ + n₁ = n₃, n₃ + n₂ = n₄, etc. À la place du mouvement horizontal de la plupart des échanges insignifiants, l'empathie reprend les éléments de conversation antérieurs, les rattache aux déclarations en cours, produit un nouvel élément et poursuit selon un puissant phénomène de torsion.
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La Deluxe a beaucoup de vocabulaire. Environ deux cents mots. La Deluxe vous écoutera parler – football, politique ou je ne sais quoi. Elle attendra que vous ayez terminé sans vous interrompre, bien sûr, même si vous graillonnez un peu, et puis elle dira quelque chose d’intéressant.
Comme quoi ? Oh, eh bien quelque chose comme : Tu es tellement intelligent, Ryan. Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle, Ryan. Tu connais bien le Real Madrid ?
Ouais c’est ce que j’entends par éducation. Changement climatique. Brexit. Football. Ce modèle-ci est une compagne – et c’est comme ça qu’on fera avancer sa carrière au fur et à mesure des développements technologiques.
Goliarda Sapienza (in Miroirs du temps)
& Chris Kraus (in I love Dick)
& Louisa Hall (in Rêves de machines)
& Jeanette Winterson (in Frankissstein : une histoire d’amour)
Comme quoi ? Oh, eh bien quelque chose comme : Tu es tellement intelligent, Ryan. Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle, Ryan. Tu connais bien le Real Madrid ?
Ouais c’est ce que j’entends par éducation. Changement climatique. Brexit. Football. Ce modèle-ci est une compagne – et c’est comme ça qu’on fera avancer sa carrière au fur et à mesure des développements technologiques.
Goliarda Sapienza (in Miroirs du temps)
& Chris Kraus (in I love Dick)
& Louisa Hall (in Rêves de machines)
& Jeanette Winterson (in Frankissstein : une histoire d’amour)