Ils bougent la racine de l’arbre et ils pensent que l’ombre restera à la même place.
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Elle s'asseyait sous le grand chêne que nos ancêtres avaient planté, les ancêtres créateurs d'ombre, l'ombre qui est comme un remerciement de l'arbre pour celui qui est né de celui qui est né de celui qui l'a planté.
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Pendant une de leurs promenades dans le parc, elle parle à Paul de la connexion qu’elle a avec les arbres depuis qu’elle est adolescente. La façon dont certains arbres lui parlent semble presque se déverser en elle. Elle est alors submergée par l’émotion, elle n’est plus personne. Parfois elle pleure mais ce n’est pas de la mauvaise tristesse. Pour Paul, on est à deux doigts de la maladie mentale mais il ne change pas de sujet. Au contraire, il s’assied avec elle sous son chêne favori et il le ressent aussi – l’arbre ne se tient plus à l’extérieur, il commence à rentrer en lui. Oh Paul, murmure doucement Catt. Toute la scène est amusante et, dans un même temps, très sérieuse. Il imagine le cosmos tout entier se contracter, se réduire à une unique chose – exactement comme il imagine ce que serait sa rencontre avec un extraterrestre. OK, Catt a vraiment une passion pour les arbres mais ce qui le touche le plus, c’est l'image qu'il se représente d'eux deux assis là, avec le chien, une tache minuscule dans l’univers. C’est un moment vraiment intime, même le sexe ne les rapproche pas autant. Il ne trouve rien à répondre, donc il dit juste Oh Catt – puis ils se mettent à rire.
Ondjaki (Les transparents)
& Emmanuelle Salasc (De lait et de laine)
& Chris Kraus (Dans la fureur du monde)
Ondjaki (Les transparents)
& Emmanuelle Salasc (De lait et de laine)
& Chris Kraus (Dans la fureur du monde)