D’un solstice
l’autre, verra-t-on la différence ?
Une amie organisée
lui a offert un agenda, lui qui se débrouillait jusqu’alors avec des dos
d’enveloppes.
Il s’aperçoit
que sa vue a nettement baissé. Il est toujours ébahi par l’affection qu’on lui
témoigne, ces gestes qui font se retourner pour vérifier qu’il n’y a personne
derrière soi de plus vraisemblable pour en être le destinataire. Eh bien non… Merci
donc !
Derrière
lui, il n'y a qu'un vieux monsieur un peu chinois qui attend de pouvoir déposer sur
la table du restaurant une fourchette et un couteau. Leurs regards se croisent,
les sangs se reconnaissent. Pourquoi ce vieil homme n’en déduit-il pas
qu’une paire de baguettes serait mieux accueillie ? Parce qu’il fait froid
dehors et que cela se répercute à l’intérieur.
Voici
une différence sensible. Et une seconde : la femme qui a traversé la
chaussée pour ne pas le croiser sur le trottoir alors qu’il téléphonait, juste
avant d’atteindre le restaurant avec son amie, l’a probablement injurié lui, et
non pas quelqu’un qui se serait tenu caché dans son dos, et non pas seulement
d’impersonnelles et invisibles ondes électromagnétiques.
Susciter
la répulsion peut se réduire à un jeu de polarités, si l’on est confiant. Mais
si l’on est confiant, autant exercer un charme magnétique en posant le regard
sur tout visage qui se présente, tel un peintre.
La
lumière du jour est passée plus vite qu’à aucun autre moment de l’année, peu
importe si l’on ne voit pas le ciel.
Le
tableau préexiste, l’amour aussi peut-être.