Elle
rit, de par sa nature écrivaine, un de ces rires à l’étouffé qu’on dirait
sortis à la mauvaise heure du jour, quand il y a trop de vent ou qu’il fait
trop chaud ou que le ciel ne ressemble pas à un plan de cinéma, elle rit comme
au téléphone avec la mauvaise personne, une secrétaire de réception, un preneur
de commande, un fournisseur d’accès, elle rit avec un chat dans la gorge qui
fait dresser les oreilles du chat posé sur le rebord de sa fenêtre, et c’est
parce qu’on l’a pris pour une autre et qu’on se reprend, et que c’est pire encore
mais drôle par la métaphore : jamais encore on n’avait fait le
rapprochement entre sa personne et une… crêpe ?
Bien
sûr, cela n’a pas de sens. C’est presque énervant, on se sent exclu. De sa
propre vie on se sent exclu, tant une deuxième reste en tentation. Et encore,
deux vies ce ne serait pas assez. La vie de sacrifice ne tient pas la route
quand on n’en a qu’une, mais le problème est-il résolu pour autant ? Parfois,
l’emplacement judicieux d’une virgule permet que l’adverbe « bref »
soit transféré avec élégance du langage parlé au langage littéraire.
Une pie
passe en jacassant. Le chat se réfugie sous le lit. Tout contre-stéréotype a
tendance à devenir stéréotypé. Par exemple, elle ne boit pas de thé. Elle rit
mais elle est en colère de devoir confirmer sans cesse des choix qui furent
déjà si difficiles à affirmer.
Autrement,
tout serait tellement différent, inattendu, inconnaissable... Mieux ?