Attendre, tu sais faire, et la tristesse tu connais. Une
femme il y a longtemps te l’a confirmé, elle était mariée à un sportif. Vous
travailliez ensemble dans une tour de bureaux jumelle d’une autre, comportant
bien trop d’étages pour qu’on tolère ta préférence pour les escaliers. Tu
mentais tellement bien, peut-être te fit-elle cette dernière réflexion dans le
hall devant l’ascenseur, alors que vous regardiez les chiffres rouges
décroître. Peut-être étaient-ce deux commentaires distincts dans le temps,
auxquels elle n’accordait guère d’importance. Une autre fois tu faisais semblant de discuter avec
un collègue d'origine asiatique comme toi, elle ne voulait pas croire que votre langue commune était factice. L’attente est tristesse dans l'écho d'un exil, mais la passion hâtive est mensonge. Cette
hâte te laisse toujours sceptique, comme si tu percevais le germe du
désenchantement dès le premier chant. Est-ce défectuosité de ta part ? Tu
guettes le moment suspendu, le moment déraisonnable, et ton attitude suggère de
ne pas insister avant une bonne nuit de sommeil. L’aube pointant tu rentres te
coucher.