6 mai
lundi 6 novembre 2023
jeudi 2 novembre 2023
Rhizomiques #159
- Pas pour certains d’entre nous. »
Elle le serre plus étroitement contre elle. « Ne commence pas, murmure-t-elle. Pas ce soir. »
Tyler hoche la tête. Il ne va pas commencer. Pas ce soir. Il n’y aura pas de discours sur les prisons secrètes de la CIA en Pologne ou en Roumanie, sur les écoutes téléphoniques illégales, ou le fait que Bush en personne a reconnu que trente mille civils irakiens étaient morts depuis le début de la guerre.
& Michael Cunningham (in Snow Queen)
& James Baldwin (in Chroniques d’un enfant du pays)
mercredi 25 octobre 2023
Rhizomiques #158
Puis, au bout d’un certain temps, vous commencez à vous poser des questions. (…) Et vous vous demandez : Est-ce que tuer quelqu’un me ramènera ma fille ? Est-ce que tuer tous les Arabes la ramènera ? Est-ce qu’infliger une souffrance à autrui allègera la souffrance insupportable qui vous mine ? (…) De manière très progressive, et compliquée, vous parvenez de l’autre côté : vous commencez à vous demander ce qui est arrivé à votre fille, et pourquoi. C’est difficile, c’est effrayant, c’est épuisant. Comment une chose pareille a-t-elle pu se produire ? Qu’est-ce qui a pu pousser quelqu’un à être à ce point enragé, furieux, à bout, désespéré, bête, pathétique, pour vouloir se faire exploser à côté d’une fille qui n’avait même pas quatorze ans ? Comment peut-on comprendre cet instinct-là ? Déchiqueter son propre corps ? Marcher dans une rue passante et tirer sur le cordon d’une ceinture qui va l’éparpiller en mille morceaux ? Comment peut-il penser de la sorte ? Qu’est-ce qui l’a fait comme ça ? Où diable a-t-il été créé ? Comment est-il devenu ainsi ? D’où venait-il ? Qui lui a appris cela ? Moi ? Son gouvernement ? Mon gouvernement ? »
& Colum McCann (in Apeirogon)
& David Grann (interview dans Télérama du 23/08/23)
vendredi 20 octobre 2023
lundi 16 octobre 2023
mardi 10 octobre 2023
Au sommet de tout
mercredi 5 octobre
Et de nouveau l'ivresse. Il existe aussi des sauterelles dont le vol chatoie en teintes rubis. Le ciel est d'un bleu uniforme qui n'augure rien de bon si ce n'est l'absence de pluie – mais ne vaudrait-il pas mieux que mes pieds soient trempés ? Rien ne vaut mieux, tout est parfait, le sillage blanc des avions ne peut se confondre avec celui d'un missile nucléaire. Les marmottes sont sans doute au fond de leurs trous, à dormir déjà. Il suffit d'un vulgaire couple de randonneurs pour troubler la quiétude d'un lac d'altitude. Mais alors je me carapate encore plus haut.
Je grimpe tellement plus haut que je me retrouve au sommet de tout. Je ne reconnais pas mais c'est bien là que j'avais posé le pied une première fois peu après mes quinze ans, et j'avais ramassé une pierre pour garder souvenir de ce "3200". C'est bien là que j'étais retourné à équidistance d'aujourd'hui, et j'avais glissé un ex-voto dans une anfractuosité de cairn, priant pour qu'une troisième fois je revienne avec la femme qui m'avait quittée. Je suis seul et la beauté m'enivre. Je titube sur la neige, j'en mangerais. Je mange une banane. J'ai le vertige.
Très prudemment je redescends. Il n'y a plus personne autour du lac, le soleil y fait miroiter des étoiles. Il n'y a personne sur les pentes qui cernent la vallée, hormis les ombres lentes du jour finissant. Il n'y a pas d'eau dans le lit de la cascade. Il fait froid soudain, beaucoup plus bas. C'est la fin d'une journée parfaite, la fin prononcée de l'été, la fin prochaine de ces vacances, le déclin de mon passage sur cette Terre. Heureusement mes jambes savent qu'il faut seulement marcher, encore. Elles savent qu'à tout le moins, le présent est un printemps.