Au
moment des adieux, alors que tout pourrait devenir différent pour les temps à
venir, alors que si rien ne se passe rien de neuf n’en pourrait advenir, alors
que déjà l’enchaînement des regrets se resserre – pourquoi se tient-elle à
distance, accaparée par quelqu’un d’autre, pourquoi n’y a-t-il pas évidence,
heureuse conjonction des déplacements dans l’espace-temps, pourquoi faut-il que
s’approche cette autre personne accaparante et nullement désirée –, une aide
innocente vient rétablir la justice et l’équilibre : les voici face à
face, ils ne veulent plus se quitter, et ne pas vouloir pourra désormais
prendre le sens de décisions futures, de prochaines retrouvailles.
Binh-Dû
s’étonne d’être si instantanément différent de celui qu’il croyait être,
c’était donc possible ? Comme de se découvrir des canines rétractables.
Dès lors, pourquoi ne choisirait-il pas délibérément, selon l’humeur et les
circonstances, d’être distinct de lui-même (ou bien au contraire, c’est un
point de vue, de revenir à la souche de ses cellules, disponible, en amont de
toute psychologie, pour une indifférence joyeuse) ? Le chemin s’ouvre sur
de grandes plaines vallonnées où marchèrent des croyants vers leur massacre, il
n’en reste trace, les vaches surprises font sonner leurs cloches. Les chardons
repoussés ont atteint la taille d’hommes qu’on qualifierait de géants.