dimanche 1 septembre 2019

1er septembre


Elle cueille des plantes sur le talus, quelques fleurs aussi qui sont des plantes comme les autres. Elle-même dodeline au bout de sa tige, une tête blanchie qui de loin semble soumise aux impulsions du vent. Mais le silence prédomine, un silence bruissant et odorant, assis en arrière de la femme un chien prend patience, tout juste remue les oreilles. Il s’abstient de donner l’alarme quand Binh-Dû arrive à leur hauteur, Vous m’avez fait peur ! sursaute la femme avant que ce dernier s’en excuse. Elle l’inviterait bien à boire une tisane mais il a trop hâte de plonger dans l’ivresse des fleurs encore sur pied. Tel un jeune chien. Ou un sanglier qui grogne à son approche et repart se cacher dans le sous-bois, celui-ci préfère les tubercules. Binh-Dû formule en secret des vœux pour qu’il survive à cette journée, tandis que lui-même sinue parmi les chasseurs en jaquette orange. On dirait des champignons vénéneux éclos du matin, autant de repères disposés en rayon autour d’un amas de véhicules tout-terrain. Collier au cou de la montagne, aspirant le sang en lisière de la peau. Au retour ils auront disparu et la montagne sera méconnaissable, privée de ses repères parasitaires. Qu’importe, ce corps fonctionne merveilleusement. Tandis que la nuit tombe, les chevaux deviennent des ombres placides et réfractaires, la nuit ne leur inspire nulle inquiétude. Binh-Dû allume ses feux de croisement, le prochain village apparaîtra après que le compteur aura indiqué un nombre potentiellement magique, on y est presque, encore cent mètres, ça y est : 57575,7. Une biche soudaine franchit la route.