mardi 18 mai 2021

Elle a presque tout mangé

19 janvier 2020

(23/24)

Lydia s’en veut d’avoir sur-réagi l’autre jour. Pour un simple sachet de chocolats ! Sa fille a presque tout mangé. Les temps sont étranges, un éphémère directeur des ressources humaines a gagné en deux mois plus de cinq ans de son salaire à elle après avoir licencié une caissière pour défaut de quatre-vingt centimes d’euro et d’une viennoiserie trop cuite. Et il est devenu ministre en prime. Cette caissière avait donné un pain au chocolat, elle n’avait pas reçu un cadeau, quoiqu’il en soit, la question n’est pas là. Plutôt : que faire de cet homme s’il se met à lui apporter des cadeaux au travail ? Un « amoureux », ainsi que l’a suggéré Dana ? Sa fille est tellement plus déterminée qu’elle à son âge. Des amoureux, Dana en aura autant qu’elle voudra, et surtout c’est elle qui choisira. Elle est si intelligente aussi, elle perçoit les gens en un clin d’œil, qui ils sont, ce qu’ils valent, s’ils cherchent à vous manipuler. C’est un don – Lydia se demande bien de qui elle le tient – le don du discernement. On ne peut pas dire que Lydia en ait été pourvue, encore moins sa sœur… Ni leur mère. Comme une malédiction qui poursuivrait les femmes de la famille. Dana y échappera. Il semble parfois à Lydia que sa fille est beaucoup plus sage et avisée qu’elle-même.