Pourtant, il y a en lui quelque chose que je ne distingue jamais : l’hésitation. Je suis effaré quand je lis les grandes lignes simplistes de ses articles et je pense à un prêtre du sud de la Suède qui me confia un jour : « Ce que j’ai dit au cours de la discussion : que la Bible est la parole de Dieu du début à la fin, je n’y crois pas non plus. Mais il ne faut pas troubler la foi de ces âmes simples. »
Et je me suis alors senti brûlant d’une haine que j’ai eu du mal à réprimer.
Et je me suis alors senti brûlant d’une haine que j’ai eu du mal à réprimer.
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Dieu n’est pas plein d’amour. Le Dieu de la sainte Bible ne se soucie pas du tout d’amour. L’obéissance, la soumission aveugle – voilà ce qu’exige Dieu, pas l’amour. Jésus-Christ était celui qui prenait des risques, un provocateur*. Dieu a puni Jésus pour le remettre à sa place.
[* en français dans le texte]
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S’il devait encore regarder une seule Vierge à l’Enfant, une seule Crucifixion, une seule Assomption, une seule Annonciation, il allait "vomir". Historiquement, affirma-t-il, le christianisme avait été un éteignoir pour l’imagination européenne. L’expiration de sa tyrannie, quel cadeau ! Ce qui passait pour de la piété n’était que du conformisme imposé par un totalitarisme intellectuel d’État. Contester ou défier celui-ci au seizième siècle équivalait à risquer sa vie. Comme protester contre le réalisme socialiste dans l’Union soviétique de Staline. Cinquante générations durant, le christianisme avait fait obstacle non seulement au progrès scientifique mais plus ou moins à toute vie culturelle, à toute liberté d’expression et à tout questionnement. Il avait mis aux oubliettes pendant une éternité les philosophies tolérantes de l’Antiquité classique, condamné des milliers d’esprits brillants au puits sans fond d’ineptes querelles théologiques. Il avait propagé son prétendu Verbe au prix d’horribles violences et s’était maintenu en place par la torture, les persécutions et la mort. Doux Jésus, laissez-moi rire ! L’expérience que l’humanité avait du monde comprenait une infinité de sujets et pourtant dans l’Europe entière les grands musées étaient pleins de la même camelote criarde.
Göran Tunström (in Partir en hiver)
& Joyce Carol Oates (in Cardiff près de la mer)
& Ian McEwan (in Leçons)
& Joyce Carol Oates (in Cardiff près de la mer)
& Ian McEwan (in Leçons)