Pourtant,
à tout prendre (peur, du recul, de la hauteur) on y gagne au change. Car sinon la pente
glisse vers l’horreur. Jusqu’à ce que tu n’aies pour seule espérance que de
pacifier ta propre abjection en la dupliquant autour de toi, voulant convertir
tes semblables afin que semblables ils demeurent, et ainsi te justifier, et in fine sceller à double tour ton
irréparabilité.
Oh non,
reste doux ! Reste désolé, incompris, que ton espérance soit celle du
désespoir – mais attentionné. Sois gentil, ennuyeux, et triste surtout, ne
renonce pas à ta tristesse ! Continue à être maltraité, moqué, plaint,
continue à sourire tel un panda en voie de disparition. Tout plutôt que de
faire, de la cruauté qui démange à l’intérieur, ton nouveau principe moteur.
Le zèle
de la souffrance est ce qui subsiste de créativité chez ceux qui n’envisagent
plus de retour au terme de leur dérive. Ils sont perdus au point de désirer que
le monde s’anéantisse après eux. Ils rient beaucoup, trop fort. Ils ont de
l’esprit, du moins ce qui en tient lieu, ils sont drôles. Ou pas. Ils sont
positifs. Ou cyniques. Ils t’en diraient de belles – ne les écoute pas !