dimanche 3 novembre 2019

3 février


           Pourtant, à tout prendre (peur, du recul, de la hauteur) on y gagne au change. Car sinon la pente glisse vers l’horreur. Jusqu’à ce que tu n’aies pour seule espérance que de pacifier ta propre abjection en la dupliquant autour de toi, voulant convertir tes semblables afin que semblables ils demeurent, et ainsi te justifier, et in fine sceller à double tour ton irréparabilité.
           Oh non, reste doux ! Reste désolé, incompris, que ton espérance soit celle du désespoir – mais attentionné. Sois gentil, ennuyeux, et triste surtout, ne renonce pas à ta tristesse ! Continue à être maltraité, moqué, plaint, continue à sourire tel un panda en voie de disparition. Tout plutôt que de faire, de la cruauté qui démange à l’intérieur, ton nouveau principe moteur.
           Le zèle de la souffrance est ce qui subsiste de créativité chez ceux qui n’envisagent plus de retour au terme de leur dérive. Ils sont perdus au point de désirer que le monde s’anéantisse après eux. Ils rient beaucoup, trop fort. Ils ont de l’esprit, du moins ce qui en tient lieu, ils sont drôles. Ou pas. Ils sont positifs. Ou cyniques. Ils t’en diraient de belles – ne les écoute pas !