lundi 10 juin 2019

Hybrides #12

La folie peut être une vision claire de soi-même.

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L'amour désintéressé est peut-être le plus sûr facteur de santé. Il y a beaucoup d'amoureux qui errent, sans bonheur, dans le royaume de l'amour. En te persuadant que tu serais malheureuse à cause de moi, tu commettrais une erreur dans l'art d'aimer.

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- Un jour au lycée je t’ai vu par la fenêtre, tu parlais à Sarah Marsh.
- Sarah Marsh, j’étais tellement amoureux d’elle…
- Je sais. Tu étais en train de flirter, et elle était gentille avec toi. Et puis, quand tu es parti, elle s’est moquée de toi, avec Kim Canetti. Tu ne te doutais de rien. Tu semblais si heureux.
- Je savais. Je les avais entendues.
- Alors pourquoi étais-tu si heureux ?
- J’aimais Sarah Marsh. Il était à moi, cet amour. Il m’appartenait. Même Sarah n’avait pas le droit de me l’enlever. Je peux aimer qui je veux.
- Mais elle te trouvait pathétique !
- C’était son problème, pas le mien. On est qui on aime, pas qui nous aime.

Juliette Binoche
& Robert Walser
& Spike Jonze (extrait du film Adaptation)

dimanche 9 juin 2019

Hybrides #11

Dans ma propre vie, je sens se renforcer ma conviction que ce qui provoque la crise, c'est l'incapacité des formes de pensée existantes à résoudre la situation. On ne peut plus avoir recours aux procédés rationnels parce que c'est la rationalité elle-même qui est à l'origine du problème. Les seuls qui s'en sortent résolvent le problème à un niveau personnel, en renonçant totalement à la vieille défroque de la rationalité et en se laissant guider par leurs sentiments.

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Il considérait la faculté d'aimer contre toute attente comme une composante de ta maladie, et pourtant il n'était pas loin de penser, me semble-t-il, que les gens feraient bien de vivre avec un pareil symptôme.

Robert Pirsig (Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes)
& Elliot Perlman (Ambiguïtés)

samedi 8 juin 2019

Vivaces #9

La raison d'aujourd'hui, c'est la Terre plate du Moyen Âge. Si vous vous aventurez trop loin, on vous prévient que vous allez tomber. Dans la folie. Et cela fait peur. Cette peur de la folie, c'est la terreur médiévale du bout du monde. C'est l'horreur de l'hérésie. Mais, de jour en jour, notre vieille Terre Plate - la raison conventionnelle - est de moins en moins capable de répondre aux expériences que nous vivons. C'est de là que naît l'angoisse devant un monde à la dérive.
(Robert Pirsig in "Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes")

Il n'y a pas de "lois" : il y a des habitudes fossilisées.
(Satprem in "Sept jours en Inde avec Satprem", de Frédéric de Towarnicki)


Les quatre points cardinaux sont au nombre de trois : le nord et le sud.
(Vicente Huidobro in "Altazar - Le voyage en parachute")

vendredi 7 juin 2019

Vivaces #8

Les fausses notes ne me dérangent pas, ce qui me dérange c'est d'être coincé.
(Jacques Higelin)

C'est ça, le métier d'acteur : toute chose qui bouleverse mérite d'être envisagée.
(Denis Lavant)

La raison éteint le désir.
(Bernard Lavilliers)

jeudi 6 juin 2019

Attentives #3

Je connais un endroit (...) où il est quelquefois possible de chanter en canon avec soi-même si l'idée nous en prend. Tiens-toi debout sur une pente boisée surplombant la petite rivière émeraude qui serpente en contrebas, et ta voix portera jusqu'à un majestueux amphithéâtre évidé dans la falaise de roches nues de l'autre côté du gouffre : "Rame, rame, rame doucement dans le courant..." - et au moment exact où tu entonnes "Joyeux, joyeusement", l'écho s'élance, "Rame, rame, rame...", parfaitement en mesure. On peut donc chanter en canon avec l'écho. Mais il faut prendre garde à bien choisir sa hauteur et son tempo ; impossible de changer de ton si l'on est parti trop aigu, ni de ralentir si le tempo est trop rapide... car l'écho est un maître inflexible : il faut chanter selon sa dictée, ce n'est certainement pas lui qui se pliera à ta voix. Et même après avoir laissé derrière toi ce phénomène acoustique mousseux (...), tu ne peux t'empêcher d'avoir la sensation, longtemps après, que la mélodie que tu sifflotes, l'hymne que tu fredonnes ou la chanson que tu entonnes s'harmonise avec un écho encore à venir, qui répercute un air oublié depuis la nuit des temps...

(Ken Kesey - "Et quelquefois j'ai comme une grande idée")

mercredi 5 juin 2019

Vivaces #7

Maintenant, je pense qu’être au monde sans faire l’expérience de la joie de vivre est, non pas élégant, mais assommant. Fernando Savater dit que l’expression toute faite prendre les choses avec philosophie ne signifie pas les prendre de façon grave ou résignée, mais joyeusement. (…) Après tout, pour être désespérés, nous avons l’éternité devant nous.
(Enrique Vila-Matas, in "Paris ne finit jamais")

Un livre qui ne laisse pas les gens plus heureux ou meilleurs qu’ils n’étaient avant de le lire, qui n’apporte pas un certain trésor permanent au monde, n’en vaut pas la peine.
(E. M. Forster)

Je plaide pour des rapports moléculaires avec les auteurs que vous lisez. Trouvez ce que vous aimez. (…) Trouvez vos molécules... Si vous ne trouvez pas vos molécules, vous ne pouvez même pas lire. Lire c’est ça, c’est trouver vos molécules... Elles sont dans des livres, vos molécules cérébrales... Et ces livres, il faut que vous les trouviez.
(cours de Gilles Deleuze sur Spinoza)

mardi 4 juin 2019

Vivaces #6

Le boum du mur du son écrase le crâne d'un bébé vison. Nous le savons. Est-ce que ça ne suffit pas ?
(Jim Harrison, in "Wolf")

Les ours sont faits de la même poussière que nous, ils respirent les mêmes brises et boivent la même eau ; leur vie n'est ni longue ni brève, elle ne connaît ni commencement ni fin ; pour eux, l'existence abondante, dépourvue de tout projet, dépasse les accidents du temps ; et leurs années, sans trace ni limite, égalent l'éternité.
(John Muir)

J'ai dit : "Notre existence est assurée par un arsenal qui pourrait tuer toute créature vivante sur la planète sauf les cafards". Honey a dit : "Ne lutte pas contre le bonheur, Franck".

(Michael Collins in "Les profanateurs")