« T’es
qui là ! » gueule un adolescent trop grand aux oreilles de Binh-Dû,
alors que celui-ci traverse la cité. Mais comment ça, je suis qui je suis, la
question se poserait plutôt pour toi qui t’acharne à chasser la mue de ta voix.
Sursaute Binh-Dû, avant de comprendre que l’adolescent ne s’intéresse pas du
tout à lui mais à un autre adolescent qui passe justement la tête par
l’entrebâillure d’une fenêtre du quinzième étage de la tour, de l’autre côté du
parc à chiens et à enfants, et qui répond
sans aucune gêne à son surnom d’alcool mexicain.
Plus
loin, un père Noël noir à bandes réfléchissantes consulte son smartphone,
appuyé sur un petit chariot d’éboueur. Mais enfin où sommes-nous, quand, vers
quelles prochaines absurdités ? Au poignet de Binh-Dû, un cadeau tout neuf
enregistre le nombre de pas de 80 centimètres d’amplitude et calcule des
équivalences calorifiques. Il conviendrait mieux à un vieux barbu en surcharge
pondérale, encore apte à lire un mode d’emploi inscrit en minuscules caractères,
avant qu’il ne sorte parcourir le monde (ou n’aille se pendre à un balcon).