À moins
que tu ne veuilles continuer à danser avec les mariées, toutes semblables dans
leur robe blanche, et fatiguées déjà de la cérémonie, des discours, des odeurs
de parfum mouillé qui se superposent sur leurs joues, fatiguées déjà de la
première nuit d’une nouvelle vie supposée les attendre et les combler,
oh ces regards qui se posent sur elles comme si elles le méritaient, toi tu
sais qu’il n’y a aucun mérite à se marier avec un plus ou moins grand connard
égoïste, ils se ressemblent tous, on pourrait intervertir les mariées cela ne
ferait pas une grosse différence.
À l’une,
à l’autre tu ferais tes yeux éperdus, tu enverrais dans l’atmosphère le plus
lisible des messages secrets, et si vous vous retrouviez derrière un buisson tu
dirais que jamais, que toujours, tes petits serments de nazi, allez tu
pleurerais bien deux ou trois larmes montées du fond de ton cœur tandis qu’à
l’autre bout du jardin un genre de curé tiendrait salon sous la pergola,
arguant des vertus de tempérance et de persévérance, la mariée peut-être
accepterait que tu l’embrasses mais sans déranger sa mise en pli ni les
dentelles de son chapeau et s’il te plaît, enlève ta main !