La fin malheureuse est moralisme : elle contient
toujours l’idée d’une punition.
La fin heureuse est non moins problématique dans son rapport
au politique : quelle mesure de déni ?
Les deux sont pliures du réel – ce qui pourrait convenir
pour une définition de l’acte artistique.
Pourtant, s’affranchir de cette dichotomie est plus exaltant
encore, relève de l’utopie concrète.
La question – politique – pour l’auteur est « À quoi
ai-je envie de contribuer ? » Non seulement « Que veux-je
exprimer » ou « Qu’est-ce qui a nécessité à s’exprimer en moi »,
mais « Qu’aimerais-je créer pour le donner en partage ? » Certes, cela
sonne un peu christique, mais si tout créateur apprécie de se sentir démiurge,
la moindre des choses est qu’il en assume la responsabilité.
Redescendons un peu…
Quoique, plus révolutionnaire encore : le drame doit-il
être la pierre philosophale de la fiction ? Ou le drame dans la fiction ne
serait-il que le reflet d’une perception dramatique de la condition humaine – à
côté de laquelle d’autres perceptions sont possibles ?
La littérature a l’avantage de ne pas être soumise à la
mécanique dramaturgique – par définition – du théâtre. Du fait aussi de sa
proximité plus grande avec la poésie qui est à la fois immersion dans le réel
et dégagement vis-à-vis de celui-ci.
(Laquelle poésie, soit dit en passant, penche elle aussi
furieusement vers le drame ! Mais là aussi, d’autres poésies sont
possibles, existent déjà, même s’il faut chercher ses herbes vivaces sur les
bas-côtés.)
La littérature devrait se sentir concernée par le « Que
faire ? » de Lénine. (Et la réponse ne serait sûrement pas le
réalisme socialiste !)
La force d’attraction du malheur est aussi considérable que
notre terreur existentielle. Mais il serait bon de valoriser les auteurs qui ne
se soumettent pas à ces ressorts puissants ; de même qu’on commence à
reconnaître (grâce au féminisme politique) la valeur différenciée d’une
écriture féminine.
Ceci en guise d'heureux dénouement – provisoire...