mercredi 11 décembre 2019

Notes inactuelles sur les conclusions malheureuses

La fin malheureuse est moralisme : elle contient toujours l’idée d’une punition.
La fin heureuse est non moins problématique dans son rapport au politique : quelle mesure de déni ?
Les deux sont pliures du réel – ce qui pourrait convenir pour une définition de l’acte artistique.
Pourtant, s’affranchir de cette dichotomie est plus exaltant encore, relève de l’utopie concrète.
La question – politique – pour l’auteur est « À quoi ai-je envie de contribuer ? » Non seulement « Que veux-je exprimer » ou « Qu’est-ce qui a nécessité à s’exprimer en moi », mais « Qu’aimerais-je créer pour le donner en partage ? » Certes, cela sonne un peu christique, mais si tout créateur apprécie de se sentir démiurge, la moindre des choses est qu’il en assume la responsabilité.
Redescendons un peu…
Quoique, plus révolutionnaire encore : le drame doit-il être la pierre philosophale de la fiction ? Ou le drame dans la fiction ne serait-il que le reflet d’une perception dramatique de la condition humaine – à côté de laquelle d’autres perceptions sont possibles ?
La littérature a l’avantage de ne pas être soumise à la mécanique dramaturgique – par définition – du théâtre. Du fait aussi de sa proximité plus grande avec la poésie qui est à la fois immersion dans le réel et dégagement vis-à-vis de celui-ci.
(Laquelle poésie, soit dit en passant, penche elle aussi furieusement vers le drame ! Mais là aussi, d’autres poésies sont possibles, existent déjà, même s’il faut chercher ses herbes vivaces sur les bas-côtés.)
La littérature devrait se sentir concernée par le « Que faire ? » de Lénine. (Et la réponse ne serait sûrement pas le réalisme socialiste !)
La force d’attraction du malheur est aussi considérable que notre terreur existentielle. Mais il serait bon de valoriser les auteurs qui ne se soumettent pas à ces ressorts puissants ; de même qu’on commence à reconnaître (grâce au féminisme politique) la valeur différenciée d’une écriture féminine.
Ceci en guise d'heureux dénouement – provisoire...