mercredi 24 mars 2021

Crois-tu qu'il te suffise de faire l'arbre ?

23 décembre 2019

       L’un des problèmes de Binh-Dû est qu’il se trouve très drôle alors que ses proches manifestent une profonde consternation. Ce qui le fait rire derechef.

       On le perd ! Vite, de l’oxygène ! Ou du gaz hilarant, mais pour qui, pour celui qui se bidonne déjà ou pour ceux qui s’agitent et s’inquiètent autour ?

       Plus personne ne dit "derechef", ne le pense même. Plus personne ne pense à l’imparfait du subjonctif. Justement, c’est ça qui est drôle !

       Et les feux qui ravagent tout un continent du fait du réchauffement climatique, ça te fait rire ? Ben non, mais c’est pas en pleurant que j’éteindrai l’incendie.

       Et tes espoirs, et tes désirs, tu les éteins comment ? Crois-tu qu’il suffise de faire l’arbre en pays tempéré, et pourquoi, à quelles fins ?

       Mais je voulais parler de Lydia. Elle est comme toi – un arbre, un animal ? –, sa vision périphérique est une prescience. Son humour est incertain.

À suivre…

mardi 23 mars 2021

Confondrais-tu le désir et l'espoir ? [à base d'imparfait du subjonctif]

22 décembre 2019

Confondrais-tu le désir et l’espoir ? Qu’est-ce qui, de l’un et de l’autre, s’il reste d’une part l’un et d’autre part l’autre, t’intéresse le plus ? Le désir va de soi, dirais-tu. Jeune sot ! L’espoir est un vain mot. Pauvre vieux !

Tu n’as pas encore rencontré le médecin qui te dira que passer un tiers de ta vie en chien de fusil finira par te raboter les vertèbres. Oui mais quoi faire alors, dormir debout ? Tout se tasse, même le souvenir de ta dernière pirouette.

Tu faisais les pieds au mur pour échapper à  la prison de ton mental. Peine perdue, tu as chopé un lumbago qui a sévèrement ralenti ton sens de la répartie, au point que l’espoir, ma foi, n’était plus vraiment d’actualité.

Ou était-ce le contraire ? Fallait-il que tout semblât perdu pour que tu conçusses d’inoffensives espérances ? Et sentisses monter un désir apatride, oh oui, accoster sur cette île, faire ton trou sur cette plage, mourir enfin d’éternité !

lundi 22 mars 2021

La Terre hésite, en équilibre

21 décembre 2019

La Terre hésite, en équilibre. Deux sommets de colline par an pour peu que l’on se représente un cosmos cul par-dessus tête où le jour le plus long se superposerait exactement à la nuit la plus longue. Une colline et un creux d’obus pour les esprits chagrins. (L’hiver, les ossements germinent.) La Terre hésite, dirait-on, bien sûr il n’en est rien, toujours elle poursuit sa marche en avant.

On conçoit de nouveaux espoirs, déposés sous le sapin, ou de nouvelles résolutions. On compte sur l’étirement des jours pour les soutenir. Comme nous avons raison ! C’est Eros, le retentissement anticipé, déjà dans nos entrailles un désir. Tu sens ? Tu te souviens ou tu sens ? Une onde qui gagne les poumons, le cœur, qui fourmille dans les jambes. Avec l’hiver, la vibration ante.

Par surprise, en toute saison peut survenir la vibration post. Qui te saisit non moins, mais alors d’épouvante. Se souvenir est sentir, être vivant dans l’intensité sans bornes de la souffrance. Tu ne peux rien faire contre la succession des vagues qui frappent ton rivage à fleur de peau, tout est mémoire hurlante. Tu ne peux qu’attendre que cela s’éloigne. Que gire la Terre, lente.

dimanche 21 mars 2021

Décalage immédiat


Message à l'attention de ceux qui jettent parfois un œil sur la colonne de droite du blog :

 

Suite à un contretemps technique,

le 21 décembre est reporté au 22 mars.

(Le post annoncé pour aujourd'hui,

daté du 21/12/19,

sera finalement publié le 22/3/21.)


 

mercredi 17 mars 2021

jeudi 11 mars 2021

Interlude #13

Life's getting hard in here
So I do some gardening
Anything to take my mind away from where it's supposed to be

Courtney Barnett (Avant Gardener)

 



Emporter son esprit loin de là où il est censé demeurer...

mardi 9 mars 2021

Courir la nuit

8 mars 2020

Vous couriez dans la ville déserte, la nuit, pour vous abriter de l’orage. Sous un porche vous repreniez votre souffle. Quelle évidence lorsque vos regards se croisaient ! Tu ne saurais dire si l’un de vous deux rêvait, et lequel, ou les deux ensemble, si rêver ensemble appartient au domaine du rêve ou à celui du lit où l'on se réveille seul, et peut-être est-ce la veille encore ou le jour d’après.

Lucia et son fils repartent au Québec comme ils sont arrivés, la même spirale du parking rouge, le même tapis roulant à contresens. Vous prenez un dernier verre, éludez un ultime moment émotionnel. Le fils de Lucia fabrique une catapulte avec un ticket de métro. La catapulte projette ton gobelet par terre ou ton gobelet emprisonne la catapulte.

Une flèche dirigée vers le bas indique l’escalator qui mène à l’étage supérieur, vers les portes d’embarquement. Tu fais des signes à travers deux rangées de verres dépolis. La spirale ascendante encercle de factices et misérables cocotiers. L’orage a cessé, pour peu qu’il ait jamais tonné, les essuie-glaces sont inutiles. Vous étiez heureux d’une ancienne certitude.