mardi 9 mars 2021

Courir la nuit

8 mars 2020

Vous couriez dans la ville déserte, la nuit, pour vous abriter de l’orage. Sous un porche vous repreniez votre souffle. Quelle évidence lorsque vos regards se croisaient ! Tu ne saurais dire si l’un de vous deux rêvait, et lequel, ou les deux ensemble, si rêver ensemble appartient au domaine du rêve ou à celui du lit où l'on se réveille seul, et peut-être est-ce la veille encore ou le jour d’après.

Lucia et son fils repartent au Québec comme ils sont arrivés, la même spirale du parking rouge, le même tapis roulant à contresens. Vous prenez un dernier verre, éludez un ultime moment émotionnel. Le fils de Lucia fabrique une catapulte avec un ticket de métro. La catapulte projette ton gobelet par terre ou ton gobelet emprisonne la catapulte.

Une flèche dirigée vers le bas indique l’escalator qui mène à l’étage supérieur, vers les portes d’embarquement. Tu fais des signes à travers deux rangées de verres dépolis. La spirale ascendante encercle de factices et misérables cocotiers. L’orage a cessé, pour peu qu’il ait jamais tonné, les essuie-glaces sont inutiles. Vous étiez heureux d’une ancienne certitude.