Le chemin des crêtes sinue entre les gouffres.
Puits évasés
au fond desquels subsiste une neige brunie,
hors d’âge, parsemée de cailloux et
de débris de pins chutés.
Je me surprends à y chercher un squelette désarticulé
qui pourrait bien être le mien. Mais non,
aux branches épineuses me raccrocher
lors des passages délicats,
et progresser comme vu du ciel sur une cordillère
indéfiniment fractale.
Là-haut, une fourmi dévale en roulant sur elle-même
la
déclivité trop raide et friable du chemin
où je marque l’empreinte de mes pas.
Il lui faudrait des milliers de vie pour parcourir son domaine,
traversé en une
heure de mes enjambées.
En toute fin de journée j’aperçois une petite fleur jaune
accrochée
à un œillet de ma chaussure.
Son voyage fut-il plus étonnant que le mien ?