samedi 10 mai 2025

Rhizomiques #213 (ce qui n'est plus)

Diane Arbus
 
Diane Arbus disait de ses photographies qu’elles étaient « un secret sur un secret », et offraient « la preuve que quelque chose était et n’est plus. Comme une tache. Et leur immobilité est déroutante. On peut leur tourner le dos, mais quand on revient, elles sont toujours là, en train de vous regarder. »
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Les photos rendent leur sujet muet. On imagine rarement les sons qui ont enveloppé la scène capturée. C’est un peu comme si, au moment de la prise, le diaphragme avalait, en même temps que la portion de lumière, tous les décibels de l’ambiance. Silhouettes et paysages restent alors à jamais enfermés dans un vide sonore.
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Et regardez la vieille dame assise sur la chaise, a dit grand-maman. Elle est morte. Comment ça ? ai-je demandé. Laisse-moi voir, a dit maman. Elle a pris l’album et l’a approché de son visage. Elle est morte, c’est tout ! s’est écriée grand-maman. Ça se faisait beaucoup, à l’époque. Les photos étaient interdites, mais parfois, surtout à la mort de quelqu’un, les gens regrettaient de ne pas avoir de photo pour se souvenir de cette personne, et on faisait vite venir un photographe avant l’enterrement. 
 
Lola Lafon (in Quand tu écouteras cette chanson)
& Paco Cerdà (in Le pion)
& Miriam Toews (in Ce que combattre veut dire)